« Les paroles d’une bonne chanson doivent tenir sur une page ». Jean Fauque est ainsi, c’est un homme économe. Ce mercredi matin, il distille conseils et anecdotes avec des mots choisis aux participants de l’atelier d’écriture qu’il anime à la Maison de l’étudiant de l’Université La Rochelle, en partenariat avec La Sirène.
Sur la page d’histoire de la chanson française qu’il a écrite à lui seul, les mots de Jean Fauque, interprétés le plus souvent par son ami de jeunesse Alain Bashung, se comptent incontestablement parmi les plus marquants. L’auteur d’Osez Joséphine, de Ma Petite Entreprise, de La Nuit je mens, entre autres standards, revient devant l’auditoire sur les conditions singulières qui déterminent, au terme d’une lente maturation ou dans l’éclat furtif de quelques secondes prodigieusement inspirées, l’écriture d’une chanson. L’extrême attention portée à de tout petits signes, un travail constant d’affût alimente l’imaginaire du parolier, qui compte ensuite sur ses pieds, au sens propre comme au sens figuré, pour faire entrer ce réel fugace dans la métrique précise d’une mélodie : « Un bon texte doit pouvoir sonner sans musique, les mots doivent avoir leur musique interne, explique-t-il, c’est peut-être pour cela que beaucoup d’idées me sont venues en marchant. La marche impose une rythmique. »
Jean Fauque a toujours écrit. Bercé par la déferlante anglo-saxonne des années 60, celui qui confesse n’avoir pas été suffisamment à l’aise en anglais pour écrire dans cette langue, admet l’influence déterminante de chanteurs comme Georges Brassens dans son processus d’écriture. Pour appuyer son propos, il fredonne d’ailleurs sans faillir Un Petit coin de parapluie, « une structure parfaite », et explique comment la compréhension de ces « ruses d’écriture » a compté dans sa formation. Et Jean Fauque de dérouler ensuite les rencontres, les encouragements, les opportunités et les coups de pouce du destin qui lui ont permis d’écrire pour les plus grands artistes. Un travail « solitaire », où il faut aussi bien proposer et défendre ses propres textes que se couler dans les compositions des autres. Jean Fauque l’avoue d’ailleurs, « le vrai travail de parolier, ce n’est pas d’être original, c’est de s’adapter. Mais il faut faire confiance au texte : si le texte est nickel, on s’arrange toujours avec la musique. »
Homme de parole, homme de métier, Jean Fauque s’est mué le temps de deux journées en chef d’atelier, en distillant aux musiciens, étudiants, enseignants présents à La Rochelle quelques conseils d’écriture. Le rappel de quelques principes simples de structure tout d’abord (écrire un couplet, écrire un refrain), puis quelques pistes pour faire émerger l’inspiration, faire surgir les mots et les images qui viendront raconter une petite histoire en 3 minutes 30. Une contrainte sévère, qui invite à la modestie et à l’économie. « Sur une seule page » avait-il dit. La parole de Jean Fauque est parole d’or.
Photo : Marie Monteiro/La Sirène
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