À La Sirène ce soir-là, Oxmo Puccino – en résidence dans la salle rochelaise pour poser les bases de sa prochaine tournée – rencontre de nombreux jeunes de l’agglomération, invités pour l’occasion à suivre l’ultime filage avant le premier concert public, le 11 février (concert labellisé Une Chanson sous influence).
Après un set généreux durant lequel il présente les titres de son nouvel album La Voix lactée, Oxmo Puccino retrouve ses jeunes fans dans la fosse. Sans timidité ni faux-semblant, s’engage spontanément un jeu de questions/réponses durant lequel l’auditoire fait preuve d’une connaissance pointue de la carrière du chanteur et d’une maîtrise particulièrement fine des enjeux liés au fait de chanter du rap actuellement en France. On demande à Oxmo Puccino son opinion sur la scène rap française, quelques éclaircissements sur ses textes, sur le choix des titres entendus, sur l’importance donnée au thème du temps dans son nouvel album, sur le choix des ambiances retenues (« pourquoi le funk ? »), sur ses influences et ses collaborations… C’est plutôt rassurant de voir ces ados et jeunes adultes poser leurs questions sur l’engagement artistique, mettre sur le tapis des choix d’esthétique, discuter des passages possibles entre créateurs et domaines de création. Le rappeur répond avec conviction et précision à ce feu roulant et ininterrompu de questions.
Oxmo Puccino se joue des cases dans lesquelles il est commode de ranger les différents genres musicaux. Par des jeux de citations, des arrangements, des effets de voix, son rap emprunte au jazz comme il emprunte à la « Chanson française » ou à l’électro. Contribue au jazz comme il contribue à la « Chanson française » ou à l’électro. Quand Oxmo Puccino parle d’influences, il évoque des enrichissements mutuels. Ses créations en sont les meilleurs témoignages. Oxmo ouvre des voies. Et c’est de ces voies ouvertes que l’on entend, dans les questions d’un jeune auditoire affuté qui le suit dans son entreprise, les clairs échos de nos propres interrogations.